"Les petits ruisseaux font les grandes rivières."
- Ovide - Bonjour, Le jour se lève à peine sur Rome, et d’Artagnan termine son bain quotidien dans la fontaine de Trevi. Comme à chaque fois, il sort de l’eau chargé de sacs bien lourds. La routine… ou plutôt la fin d’une routine, car ce 6 août 2002, la police l’attend. Pas pour lui tendre un peignoir, malheureusement pour lui, mais pour lui passer les menottes. Illustration Économitips D’Artagnan, surnommé ainsi dans sa jeunesse pour ses longs cheveux, est une figure du quartier. De son vrai nom Roberto Cercelletta, il ramasse la monnaie jetée par des touristes faisant le vœu de revenir à Rome depuis 34 ans. Pour lui, nul besoin de formuler un souhait : chaque matin, il retrouve sa fontaine remplie de pièces. Nicola Salvi, Giovanni Paolo Panini, Fontaine de Trevi, 1732-1762, sculpture, Rome, photo : Michele Bitetto Les activités matinales de ce barboteur professionnel sont bien connues. Oui mais voilà : il n’enfreint pas clairement la législation italienne. Un vide juridique plane, notamment parce que l’argent n’a pas de propriétaire identifié. À partir de 1999, une nouvelle législation sur la protection des monuments historiques vaut à d’Artagnan quelques timides rappels à l’ordre. Pas de quoi l’arrêter. Véhicule de la police municipale de Rome devant la fontaine de Trevi, 2012, Rome, photo : Wistula Mais en 2001, finie la tolérance ! L’argent des vœux a désormais un propriétaire : l’association Caritas. Grâce à ce trésor, cette œuvre de bienfaisance finance un supermarché ouvert gratuitement à ceux qui en ont besoin, des structures d’accueil pour sans-abri ou des programmes d'insertion sociale. Réfectoire de l'association Caritas à destination des personnes sans-abri, photo : Caritas Rome Tout ça, oui. En une année, le bassin de la fontaine de Trevi reçoit la bagatelle d’un million et demi d’euros. On comprend les envies matinales de se baigner du sieur d’Artagnan. Selon différentes sources, chaque pêche miraculeuse lui rapportait l’équivalent de 300 à 800 euros ! Collecte des pièces de la fontaine de Trevi au profit de l'association Caritas, 2005, Rome, photo : Giovanni Dall'Orto En réalité, d'Artagnan n'a pas ramassé des euros très longtemps. Pendant 34 ans il a pêché des pièces étrangères qu'il devait changer contre des lires italiennes (le côté désagréable de "sa petite entreprise", disait-il). L'arrivée de l'euro, en janvier 2002, transforme donc son quotidien. À partir de cette date, la plupart des pièces lancées dans la fontaine étaient directement utilisables. Pièces en euros, photo : Pxhere " Les petits ruisseaux font les grandes rivières. " - Ovide - En un clic, dites-nous si par rapport à d'habitude : Des conseils, des idées, des critiques ? Copyright © Artly Production SAS, Tous droits réservés. |